J’aurais pu prendre un tas de résolutions en 2016. Des résolutions qui ressembleraient beaucoup à une suite plate de choses que je ne tiendrais probablement pas. Des trucs comme manger plus sainement, me vernir les ongles, m’inscrire au gym, arrêter de fumer, cesser de m’acheter des tuques toutes les semaines, me lisser les cheveux tous les matins, bref, essayer d’être parfaite, enfin.
Mais j’me suis dit que j’allais plutôt continuer de m’accrocher à ces causes qui touchent mon cœur au quotidien. Après tout, on a le droit d’être une belle personne même quand on a le maquillage qui se fait la malle lorsque 17h arrive. Justement…
En 2015, tu as du en voir passer des photos de femmes parfaites dans les médias. Cette image qui te fait beaucoup de mal parce qu’elle implique que tu n’es jamais à la hauteur. Mais à la hauteur de quoi au juste ? Il serait peut-être temps de refuser ce moule qu’on nous inflige bêtement à coup de photoshop. De se rendre à l’évidence que l’enjeu du double chromosome X ne réside pas que dans le glamour.
Je refuse de penser que la femme de 2016 est une femme qui prend soin d’elle, qui plait aux hommes et fait jalouser les autres femmes, point barre. Moi aussi j’aime faire du magasinage et mettre trois heures à choisir la tenue idéale pour aller en soirée. Mais avoir une tête bien pleine et un esprit vif, c’est peut-être pas plus mal. C’est peut-être même mieux. Tout doucement la conscience fait son petit bout de chemin : les mannequins anorexiques sont bannies des défilés français, les stars d’Instagram dévoilent les coulisses des photos idéalistes et trompeuses, la presse parle du harcèlement banalisé des femmes dans la rue… Mais on essaye toujours de nous faire avaler que les femmes gagnent autant que les hommes, que l’Arabie Saoudite a accordé des droits fondamentaux aux femmes, que les petites filles excisées en Afrique ne sont pas si nombreuses.
Donc voilà. En 2016, j’ai décidé de continuer à prendre soin de l’image des femmes. Pas du diktat de leur esthétique, non, mais de leurs combats compliqués. On a le droit de parler chiffon et shopping mais aussi celui de se battre pour ce que nous sommes : des femmes imparfaitement géniales et toujours considérées comme le sexe faible, malheureusement.
Qu’il est ambitieux de vouloir changer les mentalités lorsque l’on est qu’une infime poussière à l’échelle de l’humanité. Néanmoins tu peux en parler, avec des hommes, des femmes, ta maman, tes amis, ton coloc, ton poisson rouge. Tu peux parler de ce qui te révolte : les étiquettes que la société te colle, les mains baladeuses abusives, les « salopes » et autres immondices gratuites subies parce que tu as osé mettre une jupe (ô disgrâce), ou aussi le regard des autres parce que justement tu voulais pas mettre de jupe ni de maquillage ce soir. Tu peux parler pour ouvrir les yeux des autres humains. Ne leur en veut pas s’ils n’adhèrent pas à tout, accepte les différences, cultive le respect.
Alors je pense, et tu as le droit de ne pas être d’accord avec moi, que cette année je vais mesurer la chance que j’ai d’être une femme à Montréal. Et je vais continuer à lire, m’instruire, m’engager pour toutes celles nées comme moi sur ce globe. Je vais continuer à être la nana fém-humaniste emmerdante des repas de famille. Je vais inciter mes semblables à lire, à voir des spectacles, à danser et à oser avoir des engagements. C’est ma non-résolution à moi.
Sur ce, je te souhaite beaucoup beaucoup de jolies choses pour 2016.
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