Entrevue d’un « laissé pour conte » : Patrick Renaud

16 février 2016
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Le théâtre La Chapelle accueille six humains, les Laissés Pour Contes, du 17 au 21 février. Patrick Renaud, leur metteur en scène a répondu à mes questions.

Patrick Renaud- ©Marie-Hélène Jodoin

Il faut oser se laisser happer par la culture… Je vous parlais justement de cette belle nourriture intellectuelle début janvier, et le théâtre montréalais nous offre mille et une façons de trouver l’œuvre qui saura nous toucher. Patrick Renaud, le metteur en scène des Laissés Pour Contes me parle de ce joli projet qui fête sa quatrième année et qui vient séduire tant les grands connaisseurs, que les néophytes de la dramaturgie.

Les Laissés Pour Contes donnent la parole à ceux qui ne l’aurait pas forcément eu, ceux qui brûlaient d’envie de déclamer leurs émotions au grand public. Le thème de cette année : l’ignorance. Il suffit de se laisser emporter par la curiosité et d’ouvrir grand les oreilles, on nous conte des histoires qui pourraient être les nôtres.

LLCP paysage

Qu’est ce que c’est Les Laissés Pour Contes au juste?

Patrick Renaud : Tout commence avec un appel de texte. On a reçu 80 textes cette année… et on en choisit six (6) au final ! Avec l’équipe, on marche vraiment au coup de cœur lorsqu’on lit les récits. Une fois les textes sélectionnés, on ne les modifie pas, c’est la création des auteurs et nous les choisissons car c’est ça que nous voulons. La sélection des acteurs se fait ensuite pendant l’été mais nous avons souvent déjà une bonne idée des personnages que l’on recherche. Mon travail de metteur en scène commence réellement en octobre avec les comédiens, je travaille avec eux sur l’interprétation et là j’amène le show où je souhaite. Ma passion c’est de voir tous ces êtres humains en mouvement, le jeu de l’acteur me captive. Mais une fois encore, on ne change surtout pas les textes des auteurs, ce sont leurs contes! Cela viendrait changer toute l’énergie des Laissés Pour Contes!

Qui peut déposer un texte ?

P. R. : C’est là la beauté des Laissés Pour Contes… n’importe qui! Ce n’est pas juste ouvert aux gens du milieu, l’appel s’adresse à tout le monde! C’est l’objectif des Laissés Pour Contes, faire rencontrer au public des nouveaux auteurs. Alors il n’y a rien à perdre, il faut écrire pour le plaisir, envoyer son texte et si c’est choisi tant mieux! Je me suis rendu compte que beaucoup de gens écrivent dans leur coin, dans leurs journaux intimes, voilà l’occasion de leur donner la parole. Cette année parmi les auteurs il y a deux comédiens, mais ce n’est pas parce qu’il sont déjà dans le milieu du théâtre qu’ils ont été choisi. Chacun peut avoir la chance d’être un auteur des Laissés Pour Contes.

LPC2016(Équipe)-©Jules Bédard

Qui a eu cette idée folle?

P. R. : Je suis le metteur en scène des Laissés Pour Contes depuis maintenant deux ans, mais toute la constitutiton du concept vient de Pierre Chamberland, le directeur artistique, qui choisit également les thèmes. Cette année c’est l’ignorance… De ce qu’il m’a dit, c’est le thème de l’ignorance qui l’a trouvé et non l’inverse!

Mais l’ignorance de quoi au juste?

P.R. : Encore une fois c’est ça qui est le fun avec cette pièce de théâtre, cela peut être n’importe quel type d’ignorance, celle de la société ou une vision bien plus personnelle de la thématique. Lors de l’appel de texte c’est vraiment « allez-y dans ce que vous ressentez » et honnêtement on reçoit des criss’ de beaux textes !

Kézako alors toutes ces histoires, ces « contes urbains »?

P.R. : Ce sont six monologues à la première personne, rien ne se suit, ce sont des histoires singulières à chaque fois. Le seul lien est le thème. Je trouve la formulation du « conte urbain » très belle mais cela peut venir raconter n’importe quoi, nous ne sommes pas dans le traditionnel « il était une fois » du conte, pas du tout. L’originalité des Laissés Pour Contes… c’est qu’ils constituent une belle initiation au théâtre pour le public. Dans cette formule là, tu te fais raconter des histoires, tu n’as pas l’impression de passer deux heures à essayer de suivre sans rien comprendre. Fait que c’est idéal pour ceux qui pensent que le théâtre est élitiste, alors que pas du tout! C’est court, c’est simple, c’est dynamique, ce sont des histoires humaines! Au théâtre il n’y a pas de quatrième mur, le spectateur est face à un autre humain, on participe, on se fait regarder, on se fait interpeller…

Qu’est ce qui te plait le plus dans le jeu du théâtre?

Le plus beau c’est lorsque le théâtre réussit à sensibiliser les gens, à leur parler. Le théâtre peut réussir à remettre en questions certains sujets dans la tête des gens mais aussi leur rappeler des affaires… La grosse réussite c’est lorsqu’on arrive à faire passer un message de façon intéressante sans même que le public s’en aperçoive.

Théâtre La Chapelle

3700 Rue Saint Dominique

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Claire-Marine

Electron libre à la fois humaniste, féministe et culture-junkie. Tu pourras me croiser en train de dévaliser une librairie, d'écrire dans un café, ou d'en prendre plein les yeux et les oreilles dans une galerie d'art, un théâtre ou un concert. Tout simplement, je fouille les évènements culturels montréalais à la recherche de toujours plus de poésie.

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